B
IG BROTHER
Souriez vous êtes filmés, surveillés, manipulés!
Au secours !!! Je viens de découvrir, non sans effroi, que 1226 caméras de télésurveillance vont être installées dans Paris dont 93 dans le seul arrondissement du 18e. Sous prétexte de lutter contre l’insécurité nous allons être épiés 24h/24h et 7jours/7 dans notre vie quotidienne. Enfin je devrais dire encore un peu plus épiés car nos téléphones, ordinateurs et autres cartes à puces se chargent déjà de façon très efficace de moucharder tous nos faits et gestes, et sont les pires ennemis de notre vie privée et de notre intimité.
La préfecture de Police a baptisé ce programme de surveillance (qui cela dit en passant aura un coût de 300 millions d’euros) : « Vidéoprotection ». Et « Vidéoprotection » je trouve que ça rime plutôt bien avec aberration et manipulation !
Etre filmer partout, tous le temps, ça a quelque chose d’effrayant et d’inhumain. Je ne sais pas pour vous mais moi cette idée me déclenche des crises de paranoïa, voir même de claustrophobie. Je me sens prisonnière d’un monde ou plutôt d’un bocal où tout est formaté, manipulé, orchestré, dirigé, surveillé… Devons nous renoncer à nos libertés pour une illusion de sécurité ? Je dis illusion car on est bien d’accord que ce n’est pas de pauvres caméras qui vont éradiquer la délinquance, les trafics illicites et les agressions.
Mais ne voyons pas tout en noir…le côté positif de tout ça c’est que le
programme « Vidéoprotection» a inspiré une subversive et belle exposition qui a lieu en ce moment à la galerie « l’Art de rien » (Paris,18e). Ca s’appelle « Big Brother is watching you » et c’est très intéressant!! Tous les artistes ont travaillé sur le thème de la vidéosurveillance et ont su allier avec talent : ludisme, humour et réflexion sur les dérives de notre société.
La manifestation accueille différentes œuvres artistiques : affiches, sculptures, peintures, dessins, vidéos mais aussi des concerts d’un genre un peu particulier. En effet il s’agit de concert-concepts. Le public assiste dans la galerie à la retransmission sur un écran de contrôle du concert qui a lieu à l’étage en dessous dans une pièce fermée et équipée de micros et caméras. Ca n’aurait pas été plus simple de faire jouer les musiciens directement en live dans la même pièce que les spectateurs ?- pourrait-on se dire. Ben si, mais toute la démarche est là justement. Il s’agit de réaliser l’absurdité de cette virtualité qui nous est imposé alors que rien n’empêcherait la rencontre réelle. En effet aucune contrainte spatiale ni temporelle ne justifie cette échange à distance: les musiciens et le public sont au même moment dans le même bâtiment. Situation aussi ridicule que quand je passe des heures sur skype ou facebook avec mes amis alors que nous habitons dans la même ville et qu’il serait beaucoup plus chaleureux de discuter en direct autour d’un café. Ou pire encore quand je décide de rencontrer mon futur mari sur internet via une webcam.
Bref. J’ai donc assisté à l’un de ces concerts le jeudi 16 septembre. Mon premier sentiment a été la frustration, j’avais envie d’aller dans l’autre pièce, être proche de l’artiste, sentir ses vibrations.
Mais j’étais là pour une expérience particulière alors j’ai joué le jeu. Résultat : ça m’a bien fait réfléchir tout ça ! Tout en écoutant la musique que j’ai d’ailleurs beaucoup appréciée ( Bo & Nietzsche Cave) je me suis laissée envahir par un tas d’images effrayantes de notre société. Putain ! Il faut qu’on réagisse rapidement ! On est en train de s’enfoncer peu à peu dans un monde complètement superficiel et numérique ! De plus on est en train de perdre tout recul sur le monde qui nous entoure, tout libre arbitre.
Allez voir cette expo ! C’est un devoir d’être humain !
Galerie l’Art de rien
48 rue d’Orsel
75018 Paris - France
Concerts vidéofilmés tous les jeudis soir à partir de 20h. Jeudi prochain, 23 septembre : Mathias Malzieu ( Dyonisos) !
Candy
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